Le bonheur comme moteur de l’entreprise
Dans l’épisode 257 des Simpsons, le personnage le plus intellectuellement doué, Lisa, « démontre » que, « à mesure que l’intelligence augmente, le bonheur décroît ». Mais comme l’économiste australien Justin Wolfers l’a montré, cette relation n’est pas si claire.
Les gens plus éduqués ont tendance à gagner un salaire supérieur, ils possèdent un vocabulaire plus diversifié, et en conséquence, sont plus susceptibles d’expérimenter une variété d’émotions et de les communiquer.
En fait, l’ignorance n’est pas gage de bonheur, c’est même plutôt l’inverse.
Pourquoi s’intéresser au bonheur ?
Comme le disait Artistote, « Le bonheur est le Bien suprême. Il est la fin inconditionnée de l’existence humaine. »
Être heureux, cela ne se limite pas à se sentir bien : la recherche montre que cela est également bon pour la santé, la productivité et la bienveillance ! Le bonheur est lié à ce que nous ressentons, mais cela va au-delà du simple état d’esprit. Nous sommes des êtres d’émotion et nous expérimentons un large spectre de sentiments sur une base quotidienne. Les émotions négatives — comme la peur et la colère — nous aident à fuir le danger et à nous défendre. Les émotions positives — comme le plaisir et l’espoir — nous aident à connecter avec les autres et à construire notre capacité à survivre aux pires circonstances.
Le plus important peut-être, est le fait que les gens heureux sont plus enclins à contribuer positivement à la société. Ils sont plus nombreux à voter, à s’engager bénévolement, et à participer à des activités publiques.
Si vous lisez ceci, vous avez probablement lu d’autres articles sur le bonheur au travail. La plupart présentent une liste de choses qui nous rendent heureux : transparence de la communication, confiance, empowerment, reconnaissance, clarté, rémunération, maîtrise, appartenance, intérêt, sens — le plus souvent couplé à une idée amusante, comme des sodas gratuits, un happy hour, ou le fait d’amener votre perroquet au bureau.
« Les individus diffèrent énormément en termes de ce qui les rend heureux — pour certains, la compétition, la victoire et la richesse sont de grandes sources de bonheur ; pour d’autres, la compétence et la socialisation le sont davantage », nous dit le psychologue américain Steven Reiss.
Son argument : le bonheur n’est pas une solution générique.
Du point de vue de la recherche quantitative, les béhavioristes ont identifié 23 sources de motivation au travail, passant de la Créativité à l’Impact, du Développement des autres à la Rémunération. Leur conclusion est la suivante : si vous souhaitez être « heureusement » engagé au travail et performer au plein de vos capacités, il est essentiel de creuser et de comprendre quelques-unes de ces sources de motivation.
7 façons de stimuler le bonheur, validées par la science
- Voir le fruit de notre travail nous rend plus productifs.
- Le moins nous nous sentons appréciés pour notre travail, le plus d’argent nous voulons pour le faire.
- Plus un projet est difficile, plus nous nous sentons fiers de l’accomplir.
- Savoir que notre travail aide les autres stimule la motivation intrinsèque.
- La promesse d’aider les autres nous rend plus enclins à suivre les règles.
- Le renforcement positif concernant nos habiletés accroît la performance
- Les images qui suscitent des émotions positives accroissent la concentration
Le bonheur comme stratégie d’affaires
Le grand frère du bonheur, le bien-être, est un concept incorporé à la science économique depuis longtemps. Contrairement au bonheur, qui est souvent accueilli avec scepticisme lorsqu’on l’évoque en termes de « mesure », le bien-être peut être analysé plus facilement. Initialement, le bien-être subjectif était vu comme difficile à mesurer. Mais quand on veut, on peut.
En termes de stratégie d’affaires, les exemples sont nombreux. Par exemple, Amazon offre 5 000 $ à ses employés travaillant dans les entrepôts s’ils décident de démissionner. Aussi étrange que cela puisse paraître, il y a une raison logique derrière cette initiative.
Le PDG Jeff Bezos décrit sa stratégie RH : « À terme, un employé qui reste alors qu’il ne veut pas, n’est bon ni pour lui, ni pour l’entreprise […] L’objectif est d’encourager nos collaborateurs à réfléchir à ce qu’ils veulent réellement. »
L’engagement des employés peut sembler superflu dans un contexte économique difficile. Mais cela peut faire une différence dans la survie des entreprises. Dans une étude datant de 2010, le directeur du bien-être au travail de Gallup, James Harter et ses collègues, ont montré qu’un faible niveau de satisfaction était précurseur d’une faible performance financière. Lorsque les gens ne se soucient ni de leur emploi ni de leurs employeurs, ils s’absentent, produisent moins, et la qualité du travail en souffre.
La recherche montre qu’une vie intérieure au travail a un impact profond sur la créativité, la productivité, l’engagement et la collégialité des employés. Ceux-ci sont plus susceptibles d’avoir de nouvelles idées lorsqu’ils se sentent heureux. La sagesse populaire suggère que la pression accroît la performance — nos données, pourtant, montrent que la performance est accrue lorsque les collaborateurs sont heureux d’être engagés dans ce qu’ils font.
Les managers peuvent s’assurer que les gens sont heureux d’être engagés au travail. Cela n’engendre pas nécessairement de coûts. Le bien-être des collaborateurs dépend, en grande partie, de l’habileté et de la volonté des managers à faciliter l’accomplissement des collaborateurs — en retirant les obstacles, en fournissant de l’aide et en reconnaissant l’effort.
Les adultes passent la majorité de leurs heures éveillées au travail. Le travail devrait raviver, et non pas tuer l’esprit humain. Promouvoir le bien-être des collaborateurs n’est pas seulement éthique, cela est économiquement sensé.
Favoriser une vie intérieure positive requiert des leaders qu’ils articulent le sens qu’ils accordent au travail, afin de toucher tous les collaborateurs de l’organisation.
– Daniel Lacombe Conseiller principal, Sage Consulting
Sources : Freakonomics, The Guardian, Inc.com, TED.com, The New York Times.
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