Manque de proactivité, transition lente entre les tâches, difficulté à donner un sens à son travail ou à en retirer un sentiment de satisfaction?

L’épuisement professionnel est un syndrome professionnel caractérisé par trois attributs fondamentaux :

  1. Un épuisement énergétique
  2. Une attitude négative envers son travail
  3. Une diminution de l’efficacité professionnelle

Le deuxième attribut, communément appelé le cynisme au travail, est peut-être l’aspect le moins compris de l’épuisement professionnel, en partie à cause de sa complexité. Contrairement à l’épuisement et à la diminution de l’efficacité, dont les causes et les effets sont relativement simples et plus facilement observables, le cynisme peut être provoqué par un certain nombre de facteurs sur le lieu de travail et peut s’exprimer dans un large éventail d’états émotionnels et de comportements. Le cynisme peut devenir dangereux pour la santé individuelle et organisationnelle et également se propager rapidement au sein des équipes par le biais d’un phénomène connu sous le nom de « contagion émotionnelle ». La bonne nouvelle : il est possible de contrer le cynisme au sein des organisations, de même que celui bien enraciné et, mieux encore, de l’empêcher d’infecter votre organisation dès le début de ses manifestations. L’auteur Kandi Wiens propose des stratégies pour contribuer à renverser le cynisme existant et à créer une culture anti-cynique au travail.

Le rôle de gestionnaire intermédiaire est l’un de ceux qui demande le plus d’adaptabilité. Entre les demandes des membres du personnel et celles de la direction, la personne gestionnaire intermédiaire se retrouve souvent avec des dossiers sur son bureau dont personne ne veut. Aux prises, entre autres, avec des luttes de pouvoir et des réunions empreintes d’incivilité, qui s’ajoutent à une charge de travail accrue sans que la direction n’intervienne, le ou la gestionnaire se sent pris.e entre l’arbre et l’écorce : responsable, mais non décisionnel.le. Tentant de jouer le rôle de facilitatrices, et en manque de soutien, ces personnes se sentent blessées et en colère. Pire, elles prennent leur distance, s’épuisent et se désengagent.

S’ensuit l’apparition de symptômes liés à l’épuisement professionnel : maladies cardiovasculaires, douleurs musculosquelettiques, insomnie, symptômes dépressifs, fatigue, altération de la fonction immunitaire et maux de tête. Résultats : augmentation de l’absentéisme, diminution de la satisfaction au travail et sous-performance. Bref, une « dépersonnalisation » qui engendre des comportements contre-productifs, de l’irritabilité, de l’indifférence et du pessimisme! Joli cocktail qui s’accompagne d’une contagion rapide au sein des organisations : les individus ont tendance à partager cette émotion négative et à y être davantage réceptifs…

Illustration d'un homme subisant du cynisme au travail

Bonne nouvelle : il est possible de réduire les effets néfastes du « cynisme organisationnel », voire de renverser la tendance et de créer une culture « anti-cynisme »! Voici comment :

1. Prenez soin de vous en premier lieu

Les personnes gestionnaires doivent développer la conscience nécessaire afin de surveiller adéquatement leurs comportements et leurs émotions pour pratiquer l’autorégulation et ainsi adopter les gestes positifs qu’elles aimeraient voir chez leurs collègues et le personnel. Quelques suggestions pour vous : limiter votre consommation d’actualités et de réseaux sociaux, noter quotidiennement les éléments pour lesquels vous êtes reconnaissante ou reconnaissant, faites la liste des forces et des qualités des gens qui vous entourent.

2. Arrêter le cycle de contagion émotionnelle négative 

Si vous constatez que d’autres adoptent des attitudes et des comportements cyniques (par exemple : démontrer de la négativité, lever les yeux au ciel, participer aux commérages, blâmer, etc.), abordez-le immédiatement pour arrêter la propagation. Organisez des rencontres individuelles pour reformuler vos attentes et explorer ce qui motive ce comportement : une écoute profonde et empathique peut souvent apaiser les sentiments cyniques. Avec la contribution et l’implication de l’individu, apportez des changements si possibles aux conditions de travail qui pourraient être à l’origine du comportement.

3. Cultivez la confiance

Les personnes employées d’organisations où la confiance est élevée rapportent vivre : 74 % de stress en moins; 106 % en gain d’énergie au travail; une productivité 50 % plus élevée; 76 % davantage d’engagement; et 40 % d’épuisement professionnel en moins que les individus d’organisations où la confiance est plutôt faible. Faites la promotion d’un environnement de sécurité psychologique grâce à des mécanismes concrets de protection (anonymat, ouverture et confidentialité, etc.) où les membres du personnel se sentent libres de parler honnêtement de leurs sentiments et de leurs idées, et assurez-vous qu’ils sachent que s’ils commettent des erreurs, ils n’ont pas à avoir honte ou craindre des représailles. Un environnement qui valorise un climat de sécurité encourage également l’innovation. Résistez à l’envie de faire de la microgestion qui signale un manque de confiance.

4. Pratiquez la transparence

Une enquête récente de Deloitte révèle que près de la moitié des employés et employées « cyniques » invoque le manque de communication transparente comme principale raison de leur départ. Personne n’apprécie ne pas être informé.e, surtout lorsqu’il s’agit de décisions qui les concernent. Alors partagez les décisions qui ont un impact avec les employés et employées et maintenez des lignes de communication ouvertes. Lorsque des revers ou des erreurs surviennent, reconnaissez-les et abordez-les en tant qu’organisation, plutôt que d’essayer de les camoufler.

5. Supprimez l’incertitude et l’ambiguïté 

L’incertitude en ce qui a trait aux attentes, au sens à donner à nos décisions et nos actions, et les rôles et les responsabilités de chacune et de chacun demeure l’une des principales causes de stress et d’anxiété. De plus, l’ambiguïté quant aux objectifs organisationnels laisse les travailleuses et les travailleurs sans direction et dévalorisé.e.s. Assurez-vous que votre mission, votre vision, vos valeurs organisationnelles ainsi que les mandats individuels et d’équipe sont clairs et réalisables, et faites également savoir à vos gens ce qu’ils peuvent attendre de vous en retour.

6. Essayez des microdoses de positivité

Changer la culture d’une entreprise dans son entièreté demeure une tâche titanesque, mais vous pouvez injecter des microdoses de positivité dans la vie professionnelle quotidienne qui peuvent aider à réduire le stress et à accroître la connexion, l’engagement et le moral. Donnez de la reconnaissance en présence l’un de l’autre. Célébrez les victoires et les succès ensemble. Annoncez spontanément que la journée de travail se termine à 15 heures, et que vous avez prévu une activité amusante de consolidation d’équipe!

L’un des avantages de la contagion émotionnelle est qu’elle fonctionne dans les deux sens. Il est donc tout aussi facile de propager des sentiments d’empathie, de confiance, d’appréciation et d’idéalisme authentique que l’inverse. Dans un environnement de travail où la positivité sera devenue virale, le cynisme n’aura plus sa place!

Texte de Normand Biron, inspiré de l’article du Harvard Business Review : “Has Cynicism Infected Your Organization?”, Kandi Wiens, May 25, 2023

Contactez-nous!

Si plusieurs de ces gestes sont assez simples à poser au quotidien, certaines situations peuvent être plus délicates à aborder. Nul besoin d’être seul.e dans la lutte contre le cynisme. Vous pouvez demander l’aide d’une personne coach pour vous accompagner dans cette transformation, proposer l’accompagnement d’un.e coach à vos gestionnaires intermédiaires et même offrir des ateliers à ceux ou celles-ci. Contactez-nous pour découvrir notre offre et la meilleure approche en fonction de vos besoins.