Peut-on acheter le bonheur?

Il s’avère que celui ou celle qui a dit que l’argent ne fait pas le bonheur avait tort.

L’argent peut acheter le bonheur, par exemple si vous en faites le don, ou si vous l’utilisez pour acheter une expérience plutôt qu’un produit.

La recherche à ce jour n’a pas réussi à montrer définitivement que les riches étaient plus heureux que ceux qui le sont moins, mais certaines études semblent indiquer que c’est effectivement le cas.

Selon les chercheurs derrière l’étude de Princeton, le bien-être — ou le plaisir dérivé des expériences quotidiennes — ne croît plus lorsque votre ménage atteint la barre des 75 000 $ US.

Ceci dit, « l’évaluation de votre vie », ou comment vous vous sentez par rapport à votre vie et vos accomplissements, peut continuer de croître à des niveaux de revenu et d’éducation supérieurs.

Bonheur et énergie
La productivité des gens heureux s’explique par leur capacité à reconnaître que leur niveau d’énergie dépend non seulement en fonction de leur état physique (maladie, fatigue, etc.), mais aussi psychologique. Les gens sont heureux, tout simplement, lorsqu’ils se croient capables de l’être.

La vitalité subjective s’accroit lorsque les besoins psychologiques d’autonomie, de compétence et d’appartenance sont satisfaits.

Rappelons le rôle de l’autonomie sur le niveau d’énergie ; comparons par exemple l’effet sur notre pensée ou notre comportement d’une action provenant d’une décision autonome et une action faisant l’objet d’une demande extérieure.

Alors que le comportement autonome peut maintenir ou accroître le niveau d’énergie, le comportement contrôlé fait plutôt baisser celui-ci. En tant que manager, cela signifie que le fait de donner une plus grande latitude aux collaborateurs peut améliorer leur sentiment de bien-être, et peut-être aussi leur productivité.

Une étude a ainsi permis de constater que lorsque les patients dans une clinique d’amaigrissement sont motivés à suivre un traitement par des raisons extérieures, ils montrent moins de vitalité que ceux qui partent de motifs déterminés de manière autonome.

Cela démontre bien que la motivation intrinsèque accroît le niveau de vitalité subjective, et le niveau d’énergie perçu. On retient aussi que l’autonomie peut générer des sentiments d’énergie et de bien-être. En conclusion, si vous voulez rehausser votre niveau d’énergie et celui de vos collaborateurs, assurez-vous de leur déléguer le pouvoir de décision sur leurs propres tâches.

Bonheur et confiance
Le niveau de confiance d’un milieu de travail permet de prédire son niveau de bonheur, nous dit l’économiste John F. Helliwell. Helliwell s’est intéressé à l’analyse économique du bien-être et a découvert nombre de facteurs qui influencent le bonheur. La nature du travail mène le bal, évidemment, mais le contact direct entre collègues et avec le management a un impact important.

Ça n’est toutefois pas aussi simple que de dire « faites-moi confiance ». À preuve, plusieurs politiciens nous interdisent de croire en cette formule! Il faut démontrer la confiance, par le comportement, et idéalement en dehors de séances dédiées.

L’une des actions qui obtient un score élevé sur la confiance ressentie est le fait d’encourager l’implication communautaire à travers toute l’organisation, du bas vers le haut.

Ces idées doivent venir des membres de l’organisation eux-mêmes. La confiance étant bâtie par l’action collective, cette décision ne peut pas venir de la haute direction. L’action collective incarne deux autres éléments clés du bien-être : l’engagement et l’efficacité. C’est pourquoi les mandats bénévoles sont utiles, ils permettent de travailler ensemble dans un contexte différent.

La confiance est cependant asymétrique. Une fois perdue, il est difficile de la regagner. Il y a sans doute de nombreux lieux de travail où les gens sont conscients du faible niveau de confiance et de l’ampleur des investissements requis pour réparer le mal.

Rappelons que tous les êtres humains doivent entrer en relation tôt ou tard. S’il n’est pas possible d’utiliser ce temps de connexion pour réaliser un engagement positif partagé, ce temps sera perdu en combats politiques internes. La connexion a lieu. Mais le résultat n’est pas le même!

Bonheur et créativité
« Inversez la formule du bonheur et du succès. Nous croyons qu’en travaillant plus fort et en atteignant un but, nous serons plus heureux. Mais la recherche montre que chaque succès modifie ce que le cerveau perçoit comme un succès. Si pour vous et votre équipe, le bonheur est à l’opposé du succès, vous n’y arriverez jamais. Mais si vous améliorez votre niveau de bonheur au cours d’une période difficile — en recherchant un investissement, dans un contexte économique défavorable, par exemple — le niveau de succès augmente considérablement. » – Shawn Achor, The Happiness Advantage

Les éléments-clés de la personnalité créative, comme la recherche de nouveauté et la persévérance, sont de bons indicateurs de satisfaction. Cela fonctionne dans les deux sens : nous tendons à être plus créatifs lorsque nous y sommes prédisposés, possiblement car on ne se concentre par sur des informations partielles, mais sur la vue d’ensemble. Une étude a permis de montrer que les médecins heureux parvenaient au diagnostic deux fois plus rapidement! » – Rowe & Hirsch, 2007

« S’engager dans une quête créative permet aux individus d’explorer leur identité, de former de nouvelles relations, de cultiver leurs compétences et de réfléchir de manière critique sur l’état du monde. À leur tour, cette connaissance nouvelle, cette connaissance de soi et ces relations servent de sources de force et de résilience. » – Paul Silvia, University of North Carolina

Rire au travail
Des études récentes ont révélé que le rire peut contribuer à votre santé et à votre performance au travail en stimulant votre système immunitaire, en augmentant le flux sanguin et en diminuant le stress pendant une période pouvant durer jusqu’à 45 minutes. Dix minutes de rire brûlent environ 50 calories, ce qui vous permet de manger un biscuit supplémentaire (un petit)! Sans oublier les avantages sociaux du rire : meilleure communication, travail d’équipe, création de liens et atténuation des conflits!

Introduire le plaisir au travail n’est pas nouveau. Le président de Southwest Airlines, Herb Kelleher, est reconnu pour son approche légère des affaires, proposant de résoudre une question légale par un bras de fer (qu’il a remporté) ou se rendre au travail vêtu comme Elvis. Le fabricant de crèmes glacées Ben & Jerry’s a ce qu’il nomme son « Joy Gang », un groupe d’employés qui encourage la tenue d’activités amusantes, comme des pièces de théâtre spontanées ou des repas thématiques. Richard Branson, le prolifère fondateur de Virgin, place ses employés au centre de sa stratégie d’affaires, il fonctionne selon la formule suivante : des employés heureux font des clients heureux. Même si votre entreprise n’a pas de tels dispositifs, n’oubliez pas de vous amuser au travail, de rire davantage, afin d’atteindre une vraie satisfaction au travail, et de vraiment aimer ce que vous faites.

Rédaction
Daniel Lacombe Conseiller principal, Sage Consulting
Béatrice Loubier, Conceptrice pédagogique, Novaconcept, Québec

Sources : Freakonomics, The Guardian, Inc.com, TED.com, The New York Times, Huffington post